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Le regard de Chanel

Focus

Flore Vladaj, Première d’atelier prêt-à-porter Flou, Chanel

Flore Vladaj et la mannequin Fatou Diawara, photographie de CHANEL.

 

Un coup d’œil sur une robe de mousseline brodée, petit miracle de ces coutures invisibles, de ces panneaux en suspension. Le silence est plein d’yeux. Avant de s’éclipser pour l’interview, Flore adresse quelques recommandations aux deux premières Mains : « Surtout, vous la portez comme un bébé, et vous l’allongez sur une table car elle risque de plomber ». Le regard est vif, la démarche altière, le motto absolu : « Chaque robe est un sentiment ». 

Flore a choisi de nous parler dans une salle de réunion, nous traversons un labyrinthe blanc et noir, dans son regard inspiré et souriant, le métier est le point de mire absolu : « J’ai commencé il y a exactement trente-trois ans, avec le grand Paquito, Premier d’Atelier Tailleur Haute Couture jusqu’en 1997. Avec lui, j’ai appris à regarder. Il vous épinglait une manche, et elle était là… J’avais fait des études d’histoire de l’art et je me suis tournée vers le modélisme. Paquito avait une exigence qui me correspondait, qui m’a définie telle que je suis, au nom de tout ce que j’essaie de transmettre : j’aime le Beau, il nous élève. Ici, je continue à apprendre » dit celle qui tutoie Virginie Viard, tant elles se connaissent depuis des années : « Avec Virginie, un vêtement est vivant. Il évolue. Elle est à l’écoute des techniciens. 

« Le Beau se ressent, il doit naitre dans une atmosphère paisible. Et c’est en aimant le Beau qu’on s’améliore chaque jour. Tout doit être souple et précis à la fois. Le Flou est l’école du mouvement. Le tissu bouge, parle, il faut l’écouter, le laisser courir. Après on règle, il s’agit d’une histoire de lignes, de volumes. Avec des falbalas, on peut cacher. Mais la pureté est plus exigeante. C’est en aimant le Beau qu’on s’améliore chaque jour. Et c’est ce que j’ai tout de suite ressenti chez Chanel : une élégance dans la simplicité. ». Elle ajoute : « Le regard est primordial. Parfois ; vous avez une belle symétrie. Mais quelque chose ne va pas, et qui ne mesure pas plus de deux millimètres. Dans le miroir, il y a comme un troisième œil qui reprend ses droits ».