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AZZEDINE ALAIA - DE SILENCE SCULPTE

Inspirations

Par Laurence Bénaïm

Ce sont des corps immobiles et en mouvement. Ce sont des robes qui flottent, pareilles à des sculptures tissées, et dans lesquelles, à chaque point, chaque courbe, chaque élancement, on sent la main qui trace d’une manière absolue une forme d’idéal. Autour d’une trentaine de modèles, cette exposition consacrée à la Collection Couture 2003 d’Azzedine Alaïa, est un nouveau manifeste, une leçon de gestes et de proportions : l’allure dans l’épure, du jean travaillé comme s’il s’agissait d’un cuir pleine fleur, une redingote queue de pie au dos en crocodile, ajoutant à la perfection l’énergie de l’instinct.

Un jeu de dames en noir et blanc, où les fourreaux font face aux robes virginales en coton immaculé et broderies anglaises, inspirées par les souvenirs des sœurs de Notre Dame de Sion à Tunis. Présentée le 23 janvier 2003, cette collection magistrale semble aussi neuve que si elle avait défilé il y a six mois, une semaine, un jour. Le temps n’est plus réduit aux saisons, il s’élance en liberté.  Une leçon de style et d’allure brillamment orchestrée par Olivier Saillard, Joe Mac Kenna et Carla Sozzani, sous le soleil absolu d’un hommage illimité. Que les zips s’enroulent autour des fourreaux, que les blousons se tiennent tout en restant souples, ajoutent encore au mystère de la création signée Azzedine Alaïa. 

 

En marge de tous les succès relevant des années quatre-vingt, de toutes les déconvenues, ce nouveau siècle est pour le créateur, l’occasion de retrouver une forme d’absolu, cette « ultime période qui illustre en majesté l’excellence de son travail », comme l’explique Olivier Saillard. « Après de soixante-huit ans, le couturier est sur le point d'inaugurer l'ultime période qui illustre en majesté l'excellence de son travail. Azzedine Alaïa n’a plus à prouver sa prédominance technique sur celle de ses contemporains. Ses recherches motivées par la quête d'une coupe ultime se font plus silencieuses et abstraites, plus savantes encore parce que plus invisibles en apparence. De ce point de vue-là, tous les modèles qu'il s'apprête à montrer dans le cadre de cette collection Été-Automne 2003, celle du retour, sont les manifestes de cette virtuosité technique qu'il est le seul à dominer. L'air de rien, les vestes, les manteaux, les robes sont le comble de l'achèvement de toute une vie menée à l'atelier».

 

Aux silhouettes s’ajoutent les photos de Bruce Weber, ainsi qu’un film de 25 minutes de Joe Mac Kenna à ne pas manquer, immersion dans les essayages, l’atelier, la cuisine salle à manger, venue célébrer avec exigence la mémoire vivante du couturier qui affirmait : « J'aime les vêtements qui restent beaux et éternels, ceux qui ne sont pas perturbés par des détails, des ornements ou des couleurs qui les vieillissent prématurément. Ceux qui sont les plus simples et les plus difficiles à réaliser ! ». Laurence Benaïm

 

Fondation Azzedine Alaïa
18, rue de la Verrerie, 75004 Paris Tel. +33 (0)1 87 44 87 75  jusqu’au 16 novembre 2025 

 

L.B.