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SPHERE PFW® Showroom – Printemps-Été 2026 Souvenirs recomposés

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Par Laurence Bénaïm

« On retrouve toujours ce dialogue entre l’aspect utilitaire et des matières plus fluides, avec un équilibre entre silhouettes courtes et très longues. Les cols intérieurs sont imprimés de mon motif signature, et j’ai travaillé autour de l’idée du camouflage : un imprimé pensé comme un « camo intemporel », décliné sur certaines pièces » assure Lora Sonney à propos de sa collection du printemps été 2026 présentée à Sphère, rendez-vous de la jeune création, organisé par la FHCM avec le soutien du DEFI et de L’OREAL depuis 2020. Pour ces marques en devenir et réunies au Palais de Tokyo du 1er au 7 octobre, Paris s’impose naturellement comme un lieu d’ancrage et de référence, où la créativité a rendez-vous avec les acheteurs venus du monde entier.

A l’affiche, Charles de Vilmorin dont les motifs singuliers ont redéfini une esthétique néo-expressionniste dans la mode,  la créatrice autrichienne Florentina Leitner, J. Simone qui intègre les techniques de l’upcycling à sa palette polychrome, Marc Rambaldi,  inspiré par l’Italie des années soixante-dix, Riz Poli dont le vestiaire s’appuie sur un travail de déconstruction poétique, Sevali, d’origine chilienne, multipliant les expérimentations inspirées autour de pièces uniques,  Lora Sonney, Vautrait, demi-finaliste du LVMH Prise en 2024,  Weinsanto, qui célèbre ses « Irrésistibles Favorites ». 

 

 Quoi de commun entre tous ces créateurs ? Une recherche indissociable d’un travail de mémoire, d’émotions, de réflexion autour de la transmission. « Je collectionne comme on collectionne des timbres, mais sans le confort d'une séquence ou d'un thème. Les objets arrivent comme convoqués de différents siècles : une manche pliée dans l'armoire d'une grand-mère, un fragment de soie ayant effleuré une autre vie, un bouton sauvé d'un marché couvert de poussière. Chaque vêtement porte le fantôme d'un sommet – un soir où il était au cœur de l'histoire de quelqu'un – pour finir, des années plus tard, abandonné chez un antiquaire, son drame réduit à un tissu discret et à un parfum s'estompant. » assure Jonathan Carmel.  (Vautrait) Ainsi en va-t-il de ces explorations sentimentales, qui mêlent le travail de coupe à celui des souvenirs, la rébellion à la romance, le clacissisme à l’audace.  « La collection est colorée, mais j’ai également introduit de la transparence, en écho à mon obsession pour l’eau et à la dualité des matières » assure Lora Sonney : » d’un côté des tissus rigides et imperméables, de l’autre des soies organza très fluides et aériennes. Là où j’avais exploré un trench en mohair pour l’hiver, je propose cette saison un trench en organza, comme une réinterprétation légère et transparente de ce vêtement iconique que j’adore ». Dans une époque troublée, où chacun cherche ses repères, l’imagination a cette saison rendez-vous avec les classiques réinterprétés avec le cœur : la collection printemps-été 2026 « My Heart Will Go On » de Florentina Leitner se définit comme « une ode à l'amour estival », inspirée par les classiques cultes Gummo et Spring Breakers d'Harmony Korine. « C'est un univers de filles sexy, de skateurs, de rêveries de banlieue et de nuits sans fin, où innocence et chaos se mêlent sous les néons. La collection s'inspire de l'Americana et de la nostalgie adolescente à travers des imprimés de personnages ludiques, en collaboration avec la marque emblématique Paul Frank. » Blouson, robe, ou manteau, tout procède d’un éternel retour intériorisé, recomposé avec virtuosité, à la manière de Bertrand Mauvinier dans la Maison Vide (Minuit), recherche autour des traces familiales, et qui semble trouver chez Vautrait un écho vestimentaire : « Ici, les débuts arrivent déguisés en vestiges, et ce que nous appelons la mode devient moins une quête de nouveauté qu'une écoute patiente – une ouverture pour que le temps lui-même puisse parler » . 

 

LB