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Camiel Fortgens - LA POÉTIQUE DES TORSIONS

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« L’imperfection est la beauté, la folie est le génie et il vaut mieux être absolument ridicule qu'absolument ennuyeux » aurait dit Marylin Monroe. Camiel Fortgens a fait de celle-ci son motto, ou plutôt le principe directeur d’un style qui associe l’art de l’accident à celui de la technique, de l’improvisation à celui des grands classiques. Un trou en appelle un autre, un bord franc s’effiloche, tandis qu’une chemise en pince pour un hoodie, dans un jeu de trompe l’œil dont cet autodidacte virtuose assure l’enfantine inexactitude. Pas de logo, mais un rectangle cousu…

Chez Camille Fortgens, présent pour la première fois dans le Calendrier officiel de la semaine du prêt à porter masculin, l’erreur devient manifeste, le jeu, un principe de style, en mode néo-punk : « j’aime bien montrer les dessous du jeu, remettre les certitudes à l’envers ». Pour le printemps été 2026 le styliste néerlandais, qui diffuse déjà ses collections dans 60 points de vente dans le monde, a choisi de revenir à la source d’une histoire : celle des intemporels du vestiaire américain, sweatshirts, chemises, denim, blousons, et même sacs à dos EastPak, qu’il présente en version lavée, blanchie par un soleil imaginaire, là où les Beach Boys croisent sur leur route Erwin Wurm… Le workwear s’éprend de détails dont les Japonais raffolent. Un coupe-vent et son gilet se trouvent plaqués par une tornade invisible. Voici qu’un trench jeté sur un sac devient un sac lui-même, que l’absurde s’invite au rendez-vous des villes et de la poésie. Comme chez Duran Lantink, la fausse moquette de bureau est collée au sol, pour être confrontée à des faux rochers, un poster géant d’un désert fantasmé. Ou l’art de faire de l’ordinaire un happening. Une sacrée performance.   

 

Laurence Benaïm.