Actualités

Saint Laurent - Éblouir Paris

Report

Par Laurence Benaïm

Sous la place du Trocadéro, un immense jardin a pris momentanément racine, 15 000 hortensias blancs formant un YSL, comme un écho parisien au « Cassandre » de fleurs de la Menara à Marrakech, pour une campagne publicitaire. La Tour Eiffel scintille, princesse de lumière éclairant ce spectacle comme un hommage renouvelé au Paris d’Yves Saint Laurent, celui qui voulait « avoir son nom gravé en lettres d’or sur les Champs Elysées ».

Attitude Saint Laurent : l’allure est là qui prime, carapaçonnée de cuir, manteaux perfectos, bombers taillés d’une main de maître, sur des chemises de popeline blanches travaillées en blouses et dont les lavallières géantes donnent le ton. « La femme Saint Laurent est à la fois héroïne et classique, singulière et multiforme. Elle évolue dans des mondes contrastés : des princesses vêtues de cuir noir à la Mapplethorpe, parées de joyaux de la couronne ; des femmes énigmatiques affichant leur pouvoir dans des silhouettes rive gauche, aux tissus fluides et aux couleurs vives ; tandis que les descendantes de la duchesse de Guermantes ou de la célèbre « Madame X » de John Singer Sargent échangent leurs soies contre des textiles techniques ». Rien de cassant, tout semble brossé d’une manière solaire, instinctive. Après les jeux de dames en noir et blanc, les robes trenchs semblent coupées dans des grands voiles traversant l’Atlantique. Quant aux robes du soir elles évoquent les chemises à la Reine du dix-huitième siècle : celles dans lesquelles Marie Antoinette affirmait son émancipation, -et qui firent scandale- prennent leur envol sur un corps altier, affranchi et en mouvement. Rien ne l’étreint, la palette de couleurs, des plus acides au plus fauves, décline une partition aérienne, dans un feu d’artifices de bronze et d’orangés flammés. « Je ne fais pas de jugement, juste une chronique » assurait John Sargent dont l’exposition « Éblouir Paris » au Musée d’Orsay, vient d’être inaugurée. Ainsi en va-t-il de ce spectacle cousu main par Bureau Betak, venu sublimer en lettres capitales un style autant qu’une foi dans ce qui l’élève, projette une histoire neuve et de toujours. Un un monde où l’Amérique, l’Afrique, l’Asie et l’Europe célèbrent des affinités électives sous les yeux d’un public sous le charme, de Nadia Herzigova à Jean Paul Gaultier et Madonna, comme affranchi lui aussi de toutes les pesanteurs.   

L.B