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Hermès : le paradoxe comme ligne de force

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« Le paradoxe comme ligne de force » : le programme du défilé Hermès automne hiver donne le ton. Dans la clarté minimaliste du Palais d’Iena, chef d’œuvre de l’architecte Auguste Perret, les lignes et les matières se répondent dans ce que Véronique Nichanian nomme un « jeu de formes et de contreformes, de coupes et de découpes ». L’esprit graphique est là, enveloppé de « volumes acérés » qui donnent à ces cabans autant qu’à ces blousons en drap de cachemire déperlants, à ces manteaux cocons, le sentiment que le luxe est un manifeste : protéger sans que rien ne pèse.

Prolonger la tradition dans l’innovation, le détail qui fait la différence, qu’il s’agisse de « poche à cheval » placée en oblique, ou de chemise à « pli surprise ». Dans un savant fondu enchaîné de kakis, basalte, anis pétrole, bruyère, citrouille crocus, silex, brun, tourbe, le noir se décline en une subtile palette d’autres lui-même. Les manteaux croisés comme les parka teddy réversibles, les sweat shirt à col montant zippé semblent passer du dehors au-dedans avec une aisance caméléon ; le «  cerf flanelle » est bien là pour montrer combien ici la peau se travaille telle un tissu, et que le tissu, laine prince de Galles, popeline de coton compact, fait corps avec chaque silhouette au nom du confort, du voyage, de ces chassés croisés entre bureau et campagne.  Dans la rigueur autant que dans la souplesse, l’utile et le beau entrent en fusion.  Quand la nuit tombe, celle-ci n’impose aucun protocole, les pantalons étroits portés avec des « néo casaques », assouplissent l’idée même d’invitation, démodant d’une manière radicale tout ce qui de près ou de loin trahit le mouvement au nom de l’obligation. Une prodigieuse leçon d’allure.