KEVIN GERMANIER
PLAY IT AGAIN
Les joueuses… C’est ainsi qu’à l’IRCAM, Kevin Germanier a choisi de mettre en scène son nouvel opus haute couture de l’hiver 2025, autour de ses « beautés alienesques ». Une bouche entièrement fluo, un chignon de danseuse, et sur la tête des sculptures de plumes ou de papier, la construction se plie à la loi de la fête, l’élan Germanier. Sept ans après la création de sa marque, le prodige du surcyclage pop engage sa nouvelle bataille haute en couleurs. Sequins, perles et paillettes entrent dans un carambolage de volumes venus d’emblée signer un style tout en le faisant évoluer. Créateur de tous les costumes de la cérémonie des Jeux Olympiques de l’été 2024, puis de ceux de l’Eurovision 2025, le voici qui, à travers une trentaine de looks, pousse la virtuosité ludique du côté d’un arc en ciel d’apparitions. « Jeux de silhouettes, de textures, de motifs. J’ai cherché à apporter du dynamisme, de l’optimisme » assure celui qui pour la première fois présente des silhouettes noires, sans renoncer pour autant à son sens du détournement chromatique. Voici que ses chevaliers entièrement brodés arpentent le podium dans des blousons de motards constellés de mille et une lumière, tandis que les « restes » de plumes d’or du costume de Beyoncé (Oscar de la Renta), se réinventent en un somptueux habit de lumière.
Réalisées en Inde, au Brésil, en Suisse, aux Philippines autant qu’en France, ces tenues témoignent d’une envie de « montrer les métiers d’art du monde ». La couleur fait le paon. Tout est ici volontairement exagéré, dans une parade à la mélancolie en mode XXL : achetée sur Vinted, une veste qui a déjà été utilisée pour l’Eurovision a été entièrement « recristallisée » de 150 000 paillettes, tandis que du raphia peint se déploie en buissons : quatre robes tiennent dans sept valises… Les écailles d’un pantalon de lézard sont soulignées de perles de bois, un sac « boule de cristal » vient compléter des souliers de fée. Pour ces oiseaux de paradis autant que pour ces warriors disco, des bouteilles de plastique fondues se dressent en plumes multicolores… Jubilatoire, à l’image de tous les projets menés tambour battant, des collabs avec Nespression, Caran d’Ache, Bjork, à une rétrospective prévue dès novembre et pendant au Mudac (Musée d’art moderne de Lausanne) sur le thème des « Monstrueuses ». Une salle « Still Alive, Not Dead Yet » sera bien prévue…
L.B