SPHERE PARIS FASHION WEEK®: LIBERTÉ, J’HABILLE TON NOM
Organisée au Palais de Tokyo du 25 au 29 juin, Sphère Paris Fashion Week® Showroom célèbre ses cinq ans : l’occasion de célébrer une nouvelle fois la jeune création avec le soutien du Défi et de L’Oréal Paris autour de sept marques pleines de promesses.
CACHÍ, C.R.E.O.L.E LA CAGE, LAZOSCHMIDL*, MOUTY, OUEST PARIS, VICTOR CLAVELLY : sept marques, sept maisons qui font bouger les lignes, parfois à quatre mains. C’est le cas de Cachí, fondée par le duo franco-argentin Belen Frias et Elise Girault, lauréate du prix de l’Entreprenariat AMI xIFM Paris en 2023. Des lignes pures soutenues par un sens de la tradition qui les enracine. Citons encore Bertille et Thomas Mouty, qui revisitent depuis 2020 le vestiaire masculin en le twistant de manière urbaine et poétique. Le double je est à l’honneur : qu’on en juge à la présence du duo Andreas Schmidl et Josef Lazo, (Lazoschmidl) célébrant un univers pop et haut en couleur à travers ses effets de patches façon papiers découpés sur les jeans, et une vision très narrative de la mode. “Rendezvous” is rooted in the emotional tension of long-distance desire — it’s about the intimacy of preparing for a date, of getting dressed and undressed for someone you haven’t touched in months. It’s autobiographical, a collage of memories from flights, voice notes, zines, and screenshots. It also plays with the queer ritual of becoming: how clothes help us flirt, protect, reveal, and transform. This season, we wanted to make the preparation itself the main act”
Duo encore, Victor Koehler et Victoria Baia ont fondé́ LA CAGE lorsqu’ils étaient encore étudiants à l’école Duperré. Finalistes du 39e Festival International de la Mode d’Hyères 2024, ils exaltent le sens de la parade et du costume. « LA CAGE se fait toujours des films, cette fois c’est sur un musicien dont la silhouette proto hippie se découpe sous le L de Hollywood, écrasé par le soleil blanc du Los Angeles des années 60. À travers la figure d’Eden Ahbez, c’est tout une mythologie de l’uniforme qui se déploie. Enfant boyscout, jeune homme en tunique indienne, voyageur dont le vagabondage marque les vêtements, chanteur portant sur scène un costume épinglé de porte-bonheurs glanés sur les routes. Autant de souvenirs fantasmés qui réinventent la garde-robe des errants magnifiques » assure Victor Koehler à propos de ce « un docu-fiction onirique » de l’été 2026…
Ainsi en va-t-il de cette génération attentive à retravailler les absolus du vestiaire pour les embarquer dans un monde où la technique et la narration célèbrent leurs noces inspirées. On pense bien sûr à Ouest Paris, qui a rejoint en 2024 le calendrier officiel des présentations de la Fashion Week ; du denim et des tissus durables pour un remixage en règle du workwear et du vestiaire de l’âge d’or de l’Ouest américain. « Cette saison, je me suis nourri d’images d’archives de la Nasa : des cowboys et des astronautes regardent une fusée décoller. D’où ce mix entre laines sèches à rayures tennis et nylons plus techniques » détaille Arthur Robert. « On vit dans une actualité de plus en plus en sombre et de plus folle. Le rôle de la mode n’est pas de reconstituer, d’être nostalgique, mais de faire écho à des époques plus positives, via des références un peu plus rétro «
Quant à Victor Clavelly, il mène en solo une recherche alliant la technologie et l’engagement durable, jouant des trompe l’œil et des métamorphoses pour explorer des silhouettes aux allures de sculptures mobiles. Étrangement c’est moins de projection dans le temps ou dans l’espace dont il est question, que de questionnements quasi métaphysiques dont la mode est le support. Une mode qui s’inscrit comme l’expression absolue de la liberté. Que dire, que faire, que défendre ? Au-delà des tendances, l’intention s’exprime de manière désinhibée, hors cadres, hors conventions : qu’elle s’incarne dans des images culte associées au western, au territoire urbain, ou se déploie dans des silhouettes d’anticipation, cette génération fait largement l’aller-retour entre le passé et le futur, la technologie et l’artisanat. En cette période troublée, et loin de l’activisme qui l’obstrue, de tout le narratif « idiot utile », l’imagination relève la tête ; l’agilité individuelle s ’impose plus que jamais comme une signature. Sphère demeure l’écrin rêvé de ces prodiges-là : « SPHERE feels like a space where fashion can breathe » assure Andreas Schmidl
Laurence Benaïm