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Through the Eyes of Sofia Crociani (Aelis)

Focus

SOFIA CROCIANI (AELIS) 

Le regard du ciel 

Dans le Décaméron, Boccace fait l’éloge de la Vallée des Dames toscane, où les essences et les arbres avaient été disposées « avec autant de régularité que si le meilleur jardinier du monde les eut plantées ».

C’est de cette beauté étrusque dont il est question dans le travail de Sofia Crociani.  Là, du côté des collines aux pentes douces « qui se fondent dans le ciel », où la forêt s’est transformée en bosco, tandis que les cyprès semblent surgis d’une toile de la Renaissance. Ici, avec des fragments de broderies des années vingt, au détour d’un rêve quotidien : « Ce sont souvent des pièces que j’ai chinées, ou que j’ai héritées de ma famille. Je leur rends visite, je ne découpe rien, je prends ce que le temps me donne (…) En Italie, la beauté est partout, elle vient à nous. Le regard qu’on porte sur elle s’imprime dans notre mémoire. C’est un bagage émotionnel et visuel ».

Cette métaphore du Paradis s’apparente à une série de robes couleur de lys ou de ciel, fragments d’un temps suspendu, que l’œil de cette Siennoise inspirée fait renaître avec sa collection baptisée « Supernova », une étoile qui peut se transformer « en poussière ou en trou noir ». 

Dans cet hôtel particulier du 7è arrondissement, une installation lumineuse d’Oliafur Eliasson illumine ces fragments retrouvés, recomposés, ces échanges tissés entre la terre et le ciel, « la trace d’un nuage en organza satiné », une mousseline couleur d’oxygène, la lumière qui semble se réfleter dans un taffetas aurore, un chanvre et une dentelle rebrodée, un tulle de soie impalpable.  

« A travers la Beauté, on entre en équilibre avec le monde. Aélis donc, du grec signifiant « messager », est la muse emblématique d’un été placé sous le soleil de la féminité : « un état d’esprit et pas une assignation à un genre » précise Sofia Crociani. « Regarder la beauté remplit, apaise notre relation avec le monde ».